posté le 03-02-2011 à 17:03:48

A la croisée des chemins (chapitres 8 et 9)

Alors voici la suite de ma fanfic... je suis désolée, vraiment désolée pour la longue attente depuis le dernier chapitre... comme vous devez le savoir j'avais perdu le chapitre 8 et du coup je n'était pas motivée à recommencer, entre temps j'ai écris le chapitre 9 et fait d'autres choses, mais finalement je suis revenue dessus et voilà !^^ 

Bon je sais pas si j'ai déjà prévenu mais je me suis un peu éloignée je crois de l'univers de Doctor Who, ayant complètement personnalisé l'univers je suis partie dans mon monde... j'espère que ça plait quand même ainsi^^ 

 

 

 

CHAPITRE 8


Mes nuits étaient courtes et agitées depuis ma résurrection. Il est vrai que je n’ai jamais eu de nuits vraiment tranquilles, même si on finit par s’habituer aux tambours, les entendre résonner en pleine nuit vous réveille parfois vous faisant sursauter. Mais depuis cette régénération étrange, et même si je ne semblais n’avoir gardé aucune séquelle physique, mon esprit n’en demeurait pas moins changer.

C’est donc tout naturellement que je me levai le lendemain très tôt. Je quittai le Tardis, Satinka et le Docteur dormaient encore, et j’allai me poster sur une petite butte en face du vaisseau. Les deux soleils de la planète faisaient leur apparition. D’abord l’astre écarlate, caressant la plaine désolée de ses rayons rougeoyants. Un spectacle vraiment magnifique, son halo s’avançait lentement recouvrant sur son passage cette terre noircie lui donnant un aspect, paradoxalement,  à la fois plus chaleureux et plus sanglant. Je me surprenais parfois à contempler ce genre de spectacle de la Nature, qui n’a pas son pareil et se renouvelle à chaque fois.

Des visions m’avaient assaillie quasiment toute la nuit. Des visions très obscures, floues, abstraites, desquelles je ne pouvais extraire aucun sens. La seule chose qui me frappa était la sensation désagréable que j’avais éprouvé face à certaines d’entre elles.

J’aperçus Koshei se lever quelques heures à peine après s’être couché. De toute évidence quelque chose le perturbait. C’est vrai qu’il semblait différent, perdu. Mais n’est-ce pas ce que nous sommes tous au final, des âmes errantes. Ou peut-être que c’est ce que nous croyons, mais peut-être que quelque part sous les apparences, dissimulé dans les coulisses, quelque chose nous attire, nous attire vers un but précis sans que nous n’en ayons nous même conscience…

Peu importe… Ce qui doit arriver arrivera.

Je sortis du Tardis et rejoignis le Maitre posté sur une butte. Je m’installai à ses côtés.

« La vie est étrange parfois, tu ne trouves pas… »

Il m’avait dit ça quelques instants après, sans crier gare, d’une voix discrète.

« Sans doute oui. Pourquoi me dis-tu ça ? »

Il esquissa un timide sourire.

Le soleil argenté de la planète commençait à s’élancer au loin, son jumeau ayant déjà accompli son œuvre, quasiment achevée. Des éclats argentés vinrent s’ajouter à l’aura chatoyante laissée par son jumeau, et leur rencontre était des plus éblouissantes, la plaine s’éclaira alors d’un nouvel aspect, étincelant, comme si tout pouvait être purifié et renaitre.

« Tous ces évènements passées, ceux à venir, et cet instant précis. Tout ceci. Qui auraient pu croire qu’on en arrivera là ? C’est ironique au fond. »

« La vie est ainsi faite. Pleines de surprises et d’incohérences »

« Tu crois ? Oui, peut-être… Je ne sais plus vraiment quel est le sens de tout ça au final, et si ça a vraiment eu un sens un jour. Je ne devrais pas être là. »

« N’en sois pas si sûr. Moi je crois au contraire que tu es là où tu dois être. »

Je la regardai, ces mots sonnaient étrangement à mes oreilles. Mais elle n’ajouta rien de plus, sachant pertinemment que je l’observai, attendant une suite ; non elle contempla la fin de ces levers de soleils, l’astre argenté finissant sa course, rattrapant son frère.

Lorsque je me réveillai, le Tardis était vide. Je retrouvai le Maitre et la Prophétesse non loin de là, assis côte à côte face à l’aurore. Je dois avouer que le tableau était atypique et beau, deux âmes sœurs, en quelque sorte, de nouveau réunis. Je ne pus m’empêcher, en les voyant, de repenser aux personnes qui m’étaient chères que j’ai perdus et que je ne reverrais jamais à n’en pas douter. Toutes ces personnes avec lesquelles j’aurais ardemment désiré que l’on m’accorde plus de temps… C’est d’ailleurs une des raisons, mais pas seulement, qui font que je me sente amer depuis quelque temps… Mais l’heure n’était pas à la mélancolie, on devait affronter un redoutable ennemi, une entité inconnue vielle de plusieurs millénaires dont la seule raison d’être était la destruction. Je ne pouvais rester à ne rien faire, cette étincelle de préservation de la vie était toujours présente en moi.

Je m’avançai alors vers eux.

« Dis Docteur tu n’aurais pas une flasque de whisky sur toi par hasard ? »

« Non. Et je pense qu’on a mieux à faire. Nous ne devons pas perde de temps. »

« Tout à fait ! »

« Tu ne nous as toujours pas dit ce que tu espérais trouver dans cette bâtisse où Nashoba est mort, dévastant tout sur son passage qui plus est. »

« Fais-moi confiance. »

Je devais retourner là bas, quelque chose m’appelait.

 

Une fois sur place, la bâtisse était encore fraichement calcinée. Une odeur de brûler planait encore dans l’air. Il ne restait pas grand-chose, mais une ou deux pièces étaient parvenues à demeurés debout, enfin si on veut. Satinka se dirigea vers l’une d’elle. Nous la suivîmes.

Je ressentais encore des échos dans cette pièce, c’était dans cette salle que Nashoba m’avait emmenée et qu’il était mort. Il restait des résidus, des ondes de ce qui s’était passé.

Tout à coup, cela sembla s’intensifier et se rapprocher. Je me sentis alors défaillir, un mal de crâne horrible m’enlaça.

Soudain Satinka faillit tomber, je la rattrapai de justesse et l’emmena jusqu’à un rebord pour qu’elle s’assoit. Elle se tenait le crâne et semblait en proie à un mal étrange.

« Prophétesse ? Que se passe-t-il ? »

Je l’examinai mais rien d’anormal à détecter pourtant…

« Je… »

J’essayais de remettre mes idées en ordre et de trouver des mots pour expliquer ce qui m’arrivait. L’énergie résiduelle de Nashoba,  ça ne pouvait être que ça. Tel un dernier message laissé à mon intention, un message qu’il n’avait pu me révéler lors de notre rencontre, car beaucoup trop relié au Néant à ce moment là. C’est difficile à expliquer, son essence, sa véritable essence a été libérée lors de sa mort, quelques secondes avant même. Le Néant n’avait plus besoin de le contrôler ou de le surveiller, une fois le processus de combustion engageait, le surplus de flux parasite du Néant qui le détruisait de l’intérieur. Et j’étais relié à Nashoba moi aussi, au moment où il m’a libéré d’une partie de cette emprise, il a dû en profiter pour introduire à l’insu de cette entité qui ne pouvait se douter d’une telle chose, un signal subliminal dormant qui s’est réactivé lorsque j’ai foulé de nouveau cette planète. Le dernier espoir, le plan de secours absolu. Il savait que je reviendrai très vite en ce lieu.

Je ne pouvais rien faire, il nous fallait attendre, cela allait surement passer.

« Prophétesse… »

« Je... Ca va, ça va… »

La douleur se calmait, et j’avais parfaitement assimilé son message. Dommage que ce genre d’expérience ne pouvait se faire plus en douceur, mais bon ce n’était pas la première fois qu’un  évènement de ce genre m’arrivait.

Quoi qu’il en soit je ne pris pas le temps d’expliquer au Docteur et au Maitre ce qui venait de se passer. Je me dirigeai vers le mur adjacent, palpant les briques de roche, jusqu’à stopper mes mains sur l’une d’elles en particulier, je la retirai de son puzzle non sans difficultés et glissa ma main dans l’embrasure, y récupérant une petite boite de marbre.

La scène à laquelle on venait d’assister m’abasourdis, je regardai la Prophétesse d’un air interrogateur. Tout ceci nécessitait une explication avant de continuer. Lorsqu’elle nous la fournit, tout s’éclaira.

J’ignorais ce que contenait cette boite mais ce devait être important. Elle avait été placée dans un endroit stratégique, un mur fondateur donc plus résistant à un incident de grande envergure tel qu’un séisme ou une explosion. Ce Nashoba, même s’il s’est fait corrompre par cette chose a su se battre jusqu’au bout et dissimuler quelques cartes dans son jeu. Je ne sais pas ce qui est parvenu à le maintenir mais c’était remarquable.

J’ouvris la boite, cette dernière contenait une pièce étrange de forme rectangulaire, forgée dans un matériau inconnu ressemblant à de l’ivoire,  parsemée de ses symboles anciens vus dans les parchemins, mais ceux là je ne parvenais pas à les saisir. Elle comportait également de petits interstices de part et d’autres de ses quatre faces.

On se regarda tous, une même lueur dans les yeux. Il s’agissait d’un des sept artefacts permettant de verrouiller les sept sceaux de la prison du Neant, c’était certain.

« Comment est-ce possible ? Comment Nashoba a-t-il pu se retrouver en possession d’un de ses artefacts ?... »

« Je l’ignore… »

« Il a su déjouer le Néant à plusieurs reprises alors pourquoi pas… »

« Oui peut-être mais là c’est autre chose, les artefacts ont du être bien dissimulés par le Néant. »

« Peu importe… L’important c’est que nous avançons. Voilà une des pièces maitresses de la solution à ce problème. »

« Je peux… »

Je remis l’objet au Docteur, il jubilait à l’idée de l’étudier évidemment même s’il n’en montrait rien. Le simple fait de sortir ses lunettes pour l’examiner de plus près était un signe révélateur.

 

La boite contenait autre chose, un papier. Une lettre. Rédigée de la main de Nashoba que je lisais à haute voix.

 

« Kishi,

Je suis désolé. Désolé de ne pas avoir su être là pour toi, t’épauler et te protéger comme j’aurais dû le faire. Ton Don m’a dérouté, j’étais seul, je n’avais aucune idée de l’attitude à adopter avec toi, comment réagir face à cette capacité que tu détenais. J’ai pris peur et je t’ai abandonné.

Je sais que je ne le mérite pas mais… pardonnes moi je t’en prie.

Je ne sais pas ce que tu es devenue, ce que cette chose a fait de toi, peut-être cette lettre ne la liras-tu jamais…. Mais j’espère, je suis sûr, qu’il reste une partie de toi au plus profond, que cette chose ne t’a pas complètement annihilée. C’est tout ce qui me reste.

Je voudrais pouvoir te sauver mais j’en suis incapable… je lutte moi-même contre ce mal qui m’a également corrompu et qui me ronge. Et je crains de ne pas être à la hauteur, l’ai-je été un jour ?... Il me consume de plus en plus, je n’en ai plus pour longtemps… Mais je pressens de nouveaux évènements, une lueur apparaitra bientôt, faible lueur recelant un pouvoir immense.

Je dois me battre et garder espoir, je n’ai que ça à quoi me raccrocher.

Pardonne-moi ma chère fille… » 

 

La fin de la lettre à été rédigée d’une main tremblante, elle est incompréhensible. Il devait sans doute être au bout du chemin, car elle ne contient que des phrases décousues, vides de sens ou inachevées. Mais l’important est resté intact : Kishi est la fille de Nashoba.

Tout s’explique. Voilà pourquoi il a résisté si longtemps, il voulait se racheter, racheter ses fautes passées, d’avoir abandonné sa famille, de ne pas avoir su la protéger et la sauver…

 

A la lecture de cette lettre une idée me vint, une idée folle oh combien grandiose mais aussi dangereuse…

« Kishi est notre lien, notre porte d’entrée pour trouver les autres artefacts. »

« Comment ça ? »

« Toi et elle, partagez le même don, Prophétesse. »

« Non. »

« Si. C’est la seule solution qui s’offre à nous »

« C’est de la folie. »

« Non. Il a raison. Il n’y a pas d’autre choix, malheureusement. »

« Mais c’est trop risqué. »

« Je sais. Mais je dois le faire. Je dois entrer en contact avec Kishi et son espace-temps. Elle est la seule à savoir où sont les artefacts. Je dois remonter mentalement le temps et tenter d’entrer en communication avec elle … »

« Mais cela comporte trop d’inconnues. Tu ne sais pas même si c’est envisageable, si ça marchera, et si tel est le cas comment en reviendras-tu, y parviendras-tu seulement, et quand bien même dans quel état seras-tu, quelles séquelles risques-tu d’avoir ? »

« Docteur. Je sais tout ça. Mais tu sais très bien qu’il n’y a pas d’autres possibilités. Nos dons, sont spécifiques, et leurs lignes convergent, d’autant plus que nous sommes toutes deux liées au Néant. »

« Et on est là au cas où ça tournerais mal. »

« Comment ? »

« On avisera Docteur, on en est capable. Comme au bon vieux temps. »

Ces mots me réchauffèrent les cœurs et un sourire s’esquissa sur mes lèvres.

« Oui. Tout est possible après tout ! »

« Bien ! Allons-y. »  

« Hé c’est ma réplique ça ! »

« Et où allons-nous ? »

« Je n’ai jamais tenté ça auparavant, je vais avoir besoin de beaucoup d’énergies.

Là où la connexion aura le plus de chance de pouvoir se créer, là où tout s’est effondré. »

 

Une telle expérience est très dangereuse, quasi impossible. Mais je commence à m’y connaitre dans ce domaine, après tout qui aurait pu imaginer que Gallifrey puisse revenir, ne serait-ce que l’espace d’un instant ? Qui aurait pu imaginer que je puisse m’échapper miraculeusement de cette prison temporelle et retourner sur Terre à l’époque moderne. Et surtout qui aurait pu imaginer que je puisse… changer, aider le Docteur, me retrouver à ses côtés à l’instar des jours anciens ? Moi même je ne réalise pas encore très bien, je ne comprends pas pourquoi je reste à leurs côtés à me battre. Beaucoup de mystères restent à être résolus. Mais j’éprouve étrangement de la joie à cette idée, je suis heureux de les avoir retrouvés et de ne plus ressentir cette rage, ce besoin de domination.

C’est de la folie ce périple que la Prophétesse veut entreprendre, mais il est vrai que nous n’avons guère le choix, et puis j’ai de l’expérience dans la réalisation de plans farfelus ! C’est tellement insensé que ça peut marcher. J’espère seulement qu’elle trouvera une porte de sortie et que l’entité n’en profitera pas pour nous jouer un mauvais tour.  

 

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE 9 

 

 

 

Je devais faire le vide dans ma tête et puiser au plus profond de moi.

Dommage que je n’avais pas à proximité un peu de ces vapeurs que j’avais inhaler dans le domaine des Oods, ça m’aurait été bien utile et aurait facilité ma traversée. Mais je devrais faire sans. Je m’étais assise au centre des ruines Klamath, là où les vibrations étaient les plus fortes. Cet endroit était encore imprégné de la violence qu’il avait connu, des échos résonnaient depuis des siècles, comme s’ils cherchaient une issue inlassablement, mais il n’existait aucune échappatoire. Cela semblait se répéter indéfiniment, dans une boucle infernale de destruction.

La prophétesse inspira profondément, elle nous lança un dernier regard, chargé d’émotions, sachant qu’elle ne parviendrait peut-être pas à revenir, sachant ce qu’il adviendrait d’elle alors… elle serait plongée dans une sorte de coma, piégée de l’autre côté, peut-être à l’époque des Klamath revivant sans cesse leur génocide ou peut-être ailleurs… en un lieu plus terrifiant encore...  Mais on ne devait pas perdre espoir, tout était possible, tout pouvait arriver. Un grand Capitaine m’avait un jour dit qu’il ne fallait jamais douter de rien, jamais. Et il avait raison. Tous ces événements que j’ai vécus en sont la preuve, alors pourquoi cette fois-ci serait-ce différent. Qui plus est trois Seigneurs du Temps réunis ! Oh oui tout est possible ! Oui nous pouvons réaliser l’impensable.

Ses paupières se refermèrent et elle entra en méditation. Le Maitre et moi nous tenions à proximité, prêt à agir si nécessaire, et veillant sur elle en attendant.

Je ne pouvais me résoudre à ne pas m’en faire, l’inquiétude planait autour de moi. En fin de compte, même si je l’avais toujours nié et toujours évincé, ces deux êtres m’étaient chers. Ils avaient été présents dans les moments les plus importants, sans eux… et bien peut-être n’en serais-je pas là aujourd’hui. Le cycle naturel de l’existence, on en revient toujours à l’essentiel, toujours aux origines.

Je fixai cette jeune femme aux cheveux de nacre assise sur le sol fané de cette planète, qui mobilisait toutes ses ressources pour entreprendre un voyage insensé, elle semblait étrangement intemporelle, on aurait dit une statue figée semblable à celle de Bouddha. J’espérais qu’elle ne reste pas figée, piégée, pour l’éternité.

J’avais atteint le point où je ne ressentais plus rien venant de l’extérieur, ni le souffle du vent glacé me tailladant le visage et balayant mes cheveux, ni le sol maculé sur lequel je m’étais installée. Plus rien. Le vide absolu… De ce côté-ci en tout cas. Car à l’intérieur de moi je peinais à travers les méandres de mon esprit, cherchant à accéder à la partie secrète, mystique, recélant l’épicentre de mon pouvoir, ce don si particulier qui transcendait l’espace temps. J’ignore combien de temps réel il me fallut pour y parvenir mais cela me parut durer une éternité. Lorsqu’enfin je trouvai la source, je reconnus mon Tardis se dressant dans le vide. J’ouvris la porte et fut immédiatement emporté par un tourbillon, le Vortex du Temps. Ce fut affreusement étourdissant. Ma tête ! J’ai cru l’espace d’un instant que j’allais perdre pied, être dérouté et m’égarer ainsi dans ce tourbillon de plus en plus violent, de plus en plus électrisant, jusqu’à ce que je me disloque.

Heureusement cela finit par se stopper soudainement et lorsque je repris pleinement conscience j’observai le monde d’une manière différente. Ce monde lui-même était différent. Je n’étais plus moi, ou plutôt j’étais toujours moi mais dans un autre corps, projetée dans un autre temps. Je me trouvais vraisemblablement dans une sorte de temple païen, assise en tailleur sur des cousins de satin colorés. De l’encens boisé se diffusait tandis que des bougies se consumaient. Je pouvais tout ressentir comme si je me tenais physiquement là, mes sens étaient en éveil. Différentes statues se dressaient en rangée de chaque côté, sculptées dans une sorte de roche ressemblant à du marbre. Je me trouvais sur Thanatos, des siècles auparavant. Ce temple était le lieu de culte des Klamath et ces statues leurs anciens dieux, avec à leurs pieds une coupole de pétales. Une offrande peut-être. Ce temple ne paraissait pas être une bâtisse très élaborée mais plutôt un modeste sanctuaire. Il n’y avait ni porte, ni fenêtre, un rideau bleuté face à moi ondulait légèrement sous l’effet d’une brise acidulée. Puis un homme pénétra dans ce sanctuaire, je le reconnus aussitôt : Nashoba,  évidemment en meilleur état que lors de notre rencontre. Ses cheveux étaient couleur feu et ses yeux d'un vert émeraude. 

« Es-tu prête pour la cérémonie ma fille ? Le patriarche t’attend pour honorer la venue de nos dieux. »

« Je suis prête Père. »

 

Des heures s’étaient écoulées depuis que Satinka s’était plongée dans sa transe. La nuit était tombée mais nous demeurions ici, à attendre son retour.

« Comment crois-tu que ça se passe pour elle ? »

« Elle semble aller bien, pour le moment. Attendons la suite. »

A dire vrai je m’inquiétais toujours, même si elle parvenait à s’extirper de cette connexion, qui sait ce que cela impliquerait.

Nous traversâmes la cité des Klamath, resplendissante, emplie de vie et de lumières. A l’opposé de ce qu’elle fut par la suite, elle vivait là ses derniers instants de joie et de quiétude, sans se douter de ce qu’elle allait subir. Je croisais ces gens, passais à côté d’eux, longeais leur bâtisses, et dans le même temps je revoyais ces ruines, ces gens affolés mourant les uns après les autres.

Nous arrivâmes finalement à destination, le temple enseveli où était enfermée cette entité. J’avais mémorisé le chemin depuis la ville et je m’apercevais maintenant que je n’étais pas une simple visiteuse de passage, je pouvais également accéder en partie à l’esprit de Kishi, certains souvenirs, certaines connaissances. Ainsi je découvris la vallée de Masca, à quelques kilomètres de là, surplombant toute la plaine, recouverte d’éclats argentés.

Ce temple séculaire se dressait fièrement, encore intact bien que marqué par de fines fissures courant le long de ses parois, signes du Temps s’écoulant sans clémence. Il était vraiment magnifique, d’une architecture sans pareil. Je ne saurais le décrire fidèlement dans toute sa splendeur au risque de l’enfermé dans des mots fades qui ternirait tout cet ouvrage. Quoi qu’il en soit il appartenait indéniablement à un peuple très avancé, rien à voir avec les bâtiments des Klamath aperçus plus tôt. Même la roche semblait provenir d’un royaume fantasmagorique.

Un petit groupe était attroupé aux portes de l’édifice, la tête humblement baissée. Lorsque nous parvînmes à leur niveau, l’un d’eux, vêtu d’une longue toge indigo bordé de liserés dorés qui le faisait sortir du lot, s’avança à notre rencontre. A en juger par ces apparats singuliers, il devait être le chef des Klamath, le doyen apparemment, sa longue barbe blanche et sa chevelure grisonnante en attestaient. C’était courant dans ce genre de tribu, auxquelles les Klamath semblaient appartenir, que l’ancien du clan soit le chef, le sage qui préside à toute cérémonie.

Ce corps dans lequel je me trouvais éprouvait une grande fébrilité mêlée de fierté, Kishi était honorée de cette place particulière qu’elle occupait au sein de son clan et de la tâche qui lui était confiée, chaque jour, de guider son peuple au travers des pièges du Destin. Mais d’un autre côté, elle se sentait terriblement seule, terriblement différente, son rôle était important mais elle, en tant que personne, n’avait droit à aucuns ravissements, les gens détournaient le regard en sa présence, seuls le Patriarche et les Initiés lui adressaient la parole sans crainte ni préjugés, ils l’avaient pour ainsi dire quasiment élevée, son don étant apparu très tôt, aux alentours de 10 ans, elle en avait aujourd’hui 19. Sa mère était morte en couches et son père s’était senti dépassé par ces étranges visions dont sa fille était la proie, il l’avait alors confiée  au Patriarche, sachant que c’était ainsi que le voulait la tradition, elle était une Elue. Le Patriarche connaissait une espérance de vie plus longue que les autres Klamath, c’était d’ailleurs l’une des particularités qui faisait qu’il soit le Patriarche, il avait déjà vécu de nombreuses décennies et avait déjà guidée d’autres Elues avant Kishi.

Mais elle était la première à posséder autant de pouvoir et de ce fait elle n’avait jamais goûté aux joies simples de la vie, elle menait une existence de recluse, telle une lépreuse. Elle n’avait aucun ami et ne pouvait prendre part aux actes les plus anodins, tout son quotidien était réglementé, une prison doré en somme. Je comprenais mieux maintenant pourquoi elle s’était laissée séduire par le Néant, il lui avait suffi de lui offrir ce dont elle manquait terriblement, de combler ce vide qui l’attristait.

 

Mais revenons à notre situation. Le Patriarche s’était adressé à Kishi.

« Les Dieux Anciens nous font l’honneur de leur présence. Tu es notre Elue tu dois leur rendre hommage à ton tour. »

Les Klamath avaient découvert ce Temple il y a peu et ses Gardiens, qu’ils avaient pris pour des divinités descendues du Ciel. Ils pensaient avoir été choisis et se devaient de répondre aux besoins de leur Dieux et de veiller à ne pas les offenser.

« Je saurais me montrer digne de leur venue. »

Elle ne pouvait être plus éloignée de la vérité.

Nous entrâmes alors dans le Temple, le Patriarche en tête, suivit de Kishi qui se tenait quasiment à ses côtés, c’est dire l’importance de son statut. Les Initiés, comprenaient les membres du conseil et disciples du Patriarche qui avaient pour tâche de le seconder, se tenaient un peu plus loin derrière et Nashoba fermait la marche.

Nous traversâmes un long corridor, les murs gravés de symboles étranges, descendîmes un escalier en colimaçon puis nous arrivâmes dans une grande salle circulaire où s’érigeaient les 7 Gardiens protégeant l’accès à une seconde pièce confinée par deux grandes portes massives scellée par un mécanisme insolite. Enfin ils n’étaient plus que 4 à demeuraient debout, inertes, toujours en stase. Les millénaires ont dû avoir raison d’eux, on distinguait clairement sous leur apparence de statue leur peau craquelait et entachée par le poids des années, ils n’étaient plus. Les 3 Gardiens restant se tenaient assis en triangle face à la grande porte d’ébène, entrée condamnée menant au cachot du Néant. Le Patriarche s’agenouilla et nous fîmes de même.

« Créateurs, nous venons vous rendre hommage et vous apporter des offrandes »

L’un des disciples déposa plusieurs coupoles entre eux et nous, emplies de diverses choses. Je retrouvais des pétales identiques à ceux vu au sanctuaire Klamath, des fruits qui m’étaient inconnus pour la plupart, et d’autres babioles devant posséder une grande valeur.

Le premier Gardien, celui qui se tenait le plus près de la porte et formait la pointe de cette triade se leva enfin et se retourna pour nous faire face, il s’avança très peu, suffisamment pour dépasser ses deux frères, ces derniers se redressèrent alors à leur tour et se retournèrent sans bouger de leur place. A n’en pas douter, ce gardien était le plus fort des sept.

Ils ressemblaient un peu à l’humain, ils étaient plus grands, à la fois plus minces et plus imposants, leur peau légèrement grisée, des yeux argentées, un crâne un peu plus volumineux -mais ne jurant néanmoins pas avec le reste de leur aspect- et recouverts pas ce qui s’apparentaient à des dreadlocks opalines. Ils étaient très beaux, une aura particulière se dégageait d’eux, on pouvait même apercevoir un halo à peine perceptible les entourait. Leurs membres étaient fins mais robustes, ils portaient d’étranges pièces d’armures qui semblaient être intégrées à leur enveloppe charnelle, elles étaient faites d’un matériau jamais vu, écailleux, lisse, lumineux, épais, dans des tons noir bleuté. Ils étaient également vêtus d’un pagne fait d’une matière plus légère et emmaillée mais ressemblant néanmoins à celle de leur armure. Le Premier Gardien portait un masque fait de ce même matériau, abimé d’une cicatrice traversant l’œil gauche, cadeau d’une rude bataille probablement. Il regarda en direction de Kishi et lui demanda de s’avancer par transmission télépathique. Ce fut assez dérangeant je dois dire, comme si je n’avais pas assez à faire avec l’esprit de Kishi confronté au mien, je devais en plus recevoir cette télépathie qui m’infligea un violent courant électrique. Kishi se releva et fit quelques pas.

« Tu es une étrange enfant, recélant des flux énigmatiques. »

Il avait prononcé cette phrase, cette fois à voix intelligible. Un son métallique rauque et doucereux comme je n’en avais jamais entendu. Kishi, gardant les yeux baissés, répondit humblement.

« Créateur, je suis une Elue. Je vois et ressens des choses que les autres ne peuvent concevoir. »

« Non c’est autre chose que je détecte. » Il s’approcha un peu plus, examinant la jeune fille, humant son effluve, puis il recula.

C’était bien entendu, en partie, ma présence qu’il ressentait. Si seulement je pouvais intervenir ! Lui signifier que j’étais là ! Le prévenir ! Tout pourrait être évité !

Mais je savais que cela était impossible, ce qui est, ce qui fut, ce qui doit être ne peut être remodelé. Tout Seigneurs du Temps le sait pertinemment. Notre race même si elle maîtrise le Temps ne peut aller à l’encontre de cette loi fondamentale. Beaucoup ont pourtant essayé mais ont vite déchanté, rien n’est gratuit et les conséquences d’une telle attitude ne pardonnent jamais.

 

Elle était demeurée immobile, ses paupières s’agitant comme lors de rêves nocturnes. Et soudainement elle avait eu un spasme violent l’espace de quelques secondes puis tout était redevenu à la normale. J’ignore ce qui avait provoqué cette décharge mais ça l’avait rudement secouée. Néanmoins ce ne devait être rien de grave au vu de son état actuel. Il me tardait de découvrir ce qu’elle avait vu, une expérience riche d’enseignements.

Nous avions tous les trois choisit une existence de renégat, explorant l’univers et s’engageant dans des batailles au péril de notre vie, conscients des risques mais reconnaissants de tout ce que cela nous apportait et contribuait à créer.

Kishi releva un bref instant les yeux pour voir cette divinité, je remarquai alors ce pendentif sphérique que je récupèrerais bien plus tard auprès de Nashoba., autour du cou du Premier Gardien. Il nous lança alors un regard de défi, Kishi rebaissa immédiatement les yeux.

Je ressentais chez Kishi une curiosité vraiment prononcée envers ces étranges entités que son peuple estimait être leurs divinités. Elle ne doutait pas des croyances de son clan qu’elle partageait et auxquelles elle avait foi, mais elle avait toujours fait preuve d’un esprit critique.

Son attention finit par se porter sur la porte scellée qui se trouvait derrière leurs Créateurs et elle s’interrogea vivement sur son contenu. Ils semblaient jalousement la protéger comme si elle recelait un pouvoir immense. Son esprit se fixa intensément sur cette massive porte d’ébène. Cette-ci était ornée d’obscures gravures et de symboles ésotériques qu’elle ne comprenait pas. Elle était tellement obnubilée par cette énigme qui l’attirait inexorablement, qu’elle en oublia les personnes autour d’elle et ce pourquoi ils étaient là.

Le Premier Gardien remarqua sa fixation et lui lança un avertissement télépathique des plus sévères, il m’électrocuta encore plus fortement que la fois précédente mais je commençais à m’y habituer. Cela sortit immédiatement Kishi de sa rêverie et elle leva son regard vers le Premier Gardien dont les yeux avaient pris une teinte bordeaux, probablement conséquence de sa colère. Elle fut impressionnée par cette force qui émanait de lui et se sentit toute honteuse et fautive d’avoir ainsi offensé leurs dieux.

« « Pardonnez-moi, je vous en prie Créateur ! » avait-elle répondu toute suppliante.

Les yeux du Premier Gardien reprirent leur éclat argenté et son expression s’apaisa quelque peu.

« Ne recommence jamais un tel affront. J’offre à ton peuple protection, connaissances et spiritualité.  J’estime donc être suffisamment généreux et ne tolèrerait par conséquent aucune rébellion de votre part, au risque de subir notre courroux. »

Le Patriarche s’avança, l’air tout gêné et peiné.

« Je vous en pris Créateur. Ne lui en tenez pas rigueur, son statut d’Elue ne peut certes pas tout excuser mais ses dons que vous lui avait permis de posséder la rend différente de nous et sujette à certaines déviances de l’esprit. »

Ces mots avaient profondément blessé Kishi et n’ont de ce fait pas arrangé son état et ont participé sans le vouloir à sa déchéance.

Le Premier Gardien leur fit signe de se retirer, cette cérémonie avait assez duré.

 

 

A suivre... 

 


Commentaires

 

LonelyAngel  le 04-02-2011 à 00:36:14  #   (site)

Merci^^ contente qu'ils te plaisent et puis ça veut dire que je m'améliore alors !
j'essayerais de ne pas faire attendre aussi longtemps pour la suite smiley_id119142

BBBnocta  le 03-02-2011 à 18:40:50  #

J'aime beaucoup le chapitre 9 et d'une façon plus générale, je préfère ces derniers chapitres aux premiers, ils sont mieux écrits à mon goût.
Par contre, le problème reste le même : j'ai hâte de lire la suite !!! ^^

 
 
 

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